• Rano Pano

    Do, j'ouvrais progressivement mes paupières.

    , l'horloge les attirait.

    Rano Pano

    Mi, j'étais nue.

    Fa,  le ciel m'accueillait.

    Rano Pano

    Sol, la chaleur épousait les courbes de mon échine.

    La, ma chevelure vénitienne glissait contre ma mince poitrine.

    Rano Pano

    Si, les tuiles brûlaient mes petites jambes d'anglaise.

    Do, ma beauté recevait le monde.

    Rano Pano

    Telle était la gamme de ma vie.

    Jusqu'au jour, où. 

     

    - Satyn.


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  • Rano Pano

    Quand certains trouvaient cela vulgaire, d'autres étaient fascinés. Le corps étincelant de Satyn s'étirait gracieusement sur le toit de cette maison de la banlieue de Minneapolis, chaque matin que faisait ce monde, depuis quinze ans.
    De son visage poupin et pratiquement parfait – si l'on oubliait ses petites oreilles décollées- elle faisait fondre les jeunes curieux du voisinage, levés aux aurores uniquement afin d'observer la belle se prélasser sous les tuiles de sa fenêtre. La chaleur s'avérait supportable - sauf pour moi -, pas un seul souffle d'air n'osait caresser sa longue et fine chevelure dorée.

    Rano Pano

    Satyn n'était pas le genre de fille facile et provocante que l'on trouvait à chaque coin de rue du centre ville, loin de là. A vrai dire, elle se moquait particulièrement de son apparence – mais avait tendance à complexer sur ses oreilles - et avait un sens de la mode plutôt désintéressé.
    Ce toit était son lieu de méditation favori ; les voyeurs n'étant qu'un détail superflu qui l'amusaient. Oui, Satyn montait assez souvent sur ces tuiles pour y réfléchir, penser, rêvasser ou encore s'y endormir. Parfois elle chantait pour les vieilles voisines de droite, ces dernières ne jurant que par cette jeune fille. D'ailleurs, j'en étais parfois jalouse, néanmoins je ne pouvais pas nier sa voix angélique et particulière.

    Rano Pano

    Nous étions aux prémices de septembre, et ce matin là, elle y était allée pour la dernière fois. Elle espérait sans doute y trouver force et courage, pour les jours à venir. Si on observait sa chambre d'adolescente - dont la déco était aux antipodes de son caractère de râleuse marginale -, on pouvait y rencontrer plusieurs cartons scellés, ou encore quelques valises encore ouvertes, éparpillés de part et d'autre de la vaste pièce.  Aujourd'hui, elle allait quitter son monde enfantin, pour la dure vie d'adulte.


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  • Rano Pano

    « Satyn ! t'es pas encore prête ! Ca va gueuler en bas !  Annonçai-je joyeusement.
    -          Fiche le camp sal monstre, en plus j'mets qu'une minute pour m'habiller, et m'appelle pas par ce foutu prénom, Athenya !
    -          Oui, et vingt minutes pour trouver quoi mettre, ahah et l'insulte du prénom ne marche plus je m'y suis habituée je te rappelle ». 

    Rano Pano

    Dix-sept ans pour s'habituer à un prénom, je pouvais avouer que c'était plutôt long, mais que voulez-vous, nos parents beaucoup trop blasé d'avoir hérité de prénoms anglais banals, - John et Kate, je les comprenais un peu -, avaient décidé par la suite de nommer chacun de leurs enfants de façon plus ou moins originale. Ainsi cette conspiration a débuté par notre frère ainé Fenster, nom du chien d'enfance de ma mère –il ne s'en était jamais remis-, ensuite Satyn, prénom de l'héroïne du film préféré de mon père, Moulin Rouge – ça non plus – et pour finir moi, Athenya, issue de la ville ou ils prétendaient m'avoir conçue. – beurk

    Rano Pano

    Je rentrai automatiquement à l'interieur de sa chambre bariolée de rose bonbon et de fleurs champêtres lorsque'elle se mit sur ses deux jambes. - une vraie chambre de gamine-
     
    « Fen m'a appelée ? demanda ma sœur avant d'enfiler un de ses nombreux shorts.
    -          Non, Fen m'a appelée, précisais-je satisfaite, et il a prit sa journée donc il sera là pour vous accueillir.
    -          Génial, marmonna-t-elle. »


    Satyn quittait la maison de Minneapolis pour aller étudier dans la plus prestigieuse école des arts de la scène à Boston – à l'autre bout du pays quoi-. Pourquoi aussi loin ? Déjà parce que c'était justement la plus grande école d'Art, mais aussi parce que notre frère Fen y vivait – et y étudiait-. Mais bon, le dernier argument n'était valable que pour mes parents, puisque ma sœur et mon frère ainé s'entendaient aussi bien que Freddy Krueger et Jason Vorhees –les deux psychopathes – ce n'était donc qu'une formalité. Pour ma part Fen et moi étions très liés et ma relation avec Satyn était plutôt amusante.

    Rano Pano

    -          «  Au fait, tu comptes t'en sortir comment là-bas, avec... tu sais quoi ?
    -          Comme d'habitude, bougonna ma sœur. »
     
    Et elle n'en aurait pas dis davantage. Sous  son air sauvagement attachant, cette presque-rouquine s'avérait être plutôt particulière pour une fille de dix-neuf ans. - et surtout antipathique-. Elle portait sur ses épaules un certain poids – qu'elle nommait fardeau-, moi, j'aurai plutôt dis un don. En effet, Satyn possédait un secret pour le moins improbable dont j'étais la seule au courant, celui d'effacer la mémoire des gens.
    Alors oui, dit comme ça, ça avait l'air vraiment cool, mais en faite non, puisqu'elle ne contrôlait pas ses actions, et qu'il ne s'agissait uniquement que de la mémoire sur courte durée.- genre les deux dernières heures -. Autrement dit, elle était capable de supprimer les derniers souvenirs d'une personne, rien qu'en l'effleurant, si ce qu'elle appelait le Fatum l'avait décidé. –mademoiselle avait pris des cours de latin -. Le Fatum désignait quelque chose que je n'avais jamais su comprendre. Seule elle savait. -D'ailleurs c'était trop bizarre et j'avais pas envie d'en savoir plus-.


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  • Je l'avais découvert par le plus grand des hasards, et mes soupçons l'avaient amenée à se confier. A mon avis,  elle devait être plutôt soulagée d'en parler à quelqu'un. –  Même s'il s'agissait de la petite sœur emmerdante-. Personne ne se doutait de ce pouvoir. Pas même nos parents, ni Fenster, ou encore Carrie.
     
    « -Quoi ! T'as pas encore finit de fermer tes valises !? S'écria une voix familière en provenance du balcon.

    Rano Pano

    -          Aah Carrie  je t'ai dis cent fois d'arrêter de passer par cette foutue fenêtre !
    -          Ca va c'était la dernière fois, marmonna l'intéressée.
    -          Mais Papa n'avait pas planqué l'échelle ?
    -          Planquée ? Elle était sous le porche, gloussa la jeune fille à la crinière de charbon.

    Rano Pano

    Carrie était pour ainsi dire, la meilleure amie de Satyn.- Et accessoirement notre voisine -. Cela faisait une dizaine d'année que ces deux petits yeux bleus marine se baladaient spontanément dans notre maison ; d'ailleurs officieusement, mes parents l'avaient adoptée, voilà pourquoi les parents respectifs des deux amies avait accepté de les envoyer à Boston ensemble. En effet, celle que je considérais comme mon autre soeur était selon moi, une danseuse sans égale. 

    Rano Pano

    -          Bon la naine, sors de ma chambre et dit aux parents qu'on arrive, sourit faussement ma sœur.
    -          Je te signale qu'elle n'est guère plus petite que toi, taquina Carrie.
    -          Ok, toi aussi dégage, s'esclaffa l'autre

    Rano Pano

    Nous rîmes  et finîmes par rejoindre le rez-de-chaussée dans les vingt minutes qui suivaient. – j'avais eu raison -.Comme je l'avais deviné, mon père croulait sous la montagne de valises et cartons apportés par Carrie, tandis que ma mère se tenait à côté de la porte, le regard presque larmoyant.
     
    « - oh M'man tu vas pas encore te la jouer sentimentale, s'écria Satyn.
    -          Soit contente qu'elle ne s'accroche pas à ta jambe comme pour Fenster, s'amusa mon père. »
     
    Oui, ma mère avait vraiment fait ça lors du départ de Fen, désolant. Nous faisions encore partie des rares familles soudées peuplant l'état. Une famille normale avec des parents normaux. Une maman poule pour un papa à l'humour parfois douteux. Normal quoi !

    Rano Pano


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  • Rano Pano

    « Vous avez les clefs de l'appart ? 
    -          Fen les a, marmona ma sœur.
    -          Vos dossiers d'inscription ?
    -          Oui...
    -          Vos chargeurs de portable ? T'as noté les numéros importants de Boston ? S'il arrive quoi que ce soit, tu sais qu'on prend le premier avion hein !
    -          Oui, m'man jt'en pris arrête de t'inquiéter !
    -          Mon bébé tu vas me manqueeeer, geint ma mère, prenant Satyn dans ses bras.
    -          Mais arrête je reviens dans trois mois, pour noël, promis !
    -          Comprends la, tu la laisses toute seule, ria mon père.
    -          Héééééé merci, super cool pour moi ! Me vexai-je.


    De toute façon, c'était bien connu, Satsat' la chouchoutte. Tssssk.

    Rano Pano

    -          Ma pauvre Athenya, t'en fais pas je penserai à toi, moi, me rassura Carrie.
    -          Merci, j'aurai préféré que ce soit toi ma sœur tiens.
    -          Ooh ça y est elle va bouder la pauvre petite, viens là ! »

    Rano Pano

    Satyn témoigna sa première et dernière marque d'affection envers moi : elle me broya les côtes dans ses bras. Il était vrai que ce genre de chose était plutôt exclu dans le monde de cette presque-rousse, et son entourage amical et affectif se résumait à Carrie,  sa seule amie. – En même temps avec une fille aussi entêtée que cette brunette, elle n'avait guère eu le choix, elle vous l'aurait dit elle-même -.  D'ailleurs je me suis toujours demandé comment elles faisaient pour se supporter, l'une étant autant caractérielle que l'autre – avec un léger avantage pour ma sœur-. Carrie complètement délurée, et Satyn, complètement... asociale.
     
    -   De toute façon je reviendrai te hanter à Boston dans un an, jour pour jour,      ahahah ! Annonçai-je de ma voix la plus démoniaque possible.
    -          QUOI !? Cingla-t-elle.
    -          Sat' il faut y aller, le taxi est là, déclara la grande brune.

    Rano Pano

    -          Allez mon ange, va les éblouir avec ta jolie voix, chantonna ma blonde de mère.
    -          Encore une musicos dans la famille, on les accumule, t'aurais pas couché avec Kurt Cobain y'a vingt et un ans ma chérie ? S'indigna faussement mon comique de père.
    -          Tu sais bien qu'à cette époque là on vivait encore à Londres mon chat, tu m'aurais dis Mick Jagger à la limite, là oui,s'amusa la concernée.
    -          Hein ? comment ça ? »
     
    Oui, j'avais oublié de préciser que nous étions originaires de la belle Iles britannique, mais une raison encore camouflée et inconnue du trio d'enfants que nous étions il y a quinze ans, nous a poussé à venir vivre ici au fin fond du Minnesota, à Minneapolis. Un jour peut-être nous saurons. – Du coup maintenant je soupçonne ma mère d'avoir eu une aventure avec le leader des Rolling Stones, c'est malin -. 


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