• Rano Pano

    Le temps pressait et le chauffeur de taxi s'acharnait sur le klaxon. Satyn et Carrie étaient déjà excitées à l'idée de s'envoler pour la grande ville de Boston. Leur allures de fillettes s'échappant du pays des Bisounours,  -entre les sandalettes de ma sœur et la petite robe à fleur de son amie – allait sans doute amuser plus d'une personne dans leur futur école ultra hype. Les deux voyageuses quittèrent notre grand salon lumineux le sourire aux lèvres, tandis que nous restions sur le perron, mes parents se tenant amoureusement la main, fiers de leur fille ainée et moi.

    Rano Pano

    Rano Pano

    Moi, je restai seule accoudée à la rambarde de notre petit porche, observant mélancoliquement ma sœur et son amie quitter leur ville de toujours, avec cette étrange appréhension. Cette très mauvaise intuition. Moi, je restai seule, avec plusieurs images bloquées  à l'intérieur de mon crâne. Des images que je n'arrivai pas à voir, mais qui pourtant tentait difficilement de franchir la barrière de mes pensées. Je ne comprenais pas, j'avais peur. Ce fut lorsque je vis Satyn disparaître de ma vision de jade, que je me sentis reliée à elle, à cet instant là plus que jamais. 

    Rano Pano


    1 commentaire
  • Rano Pano

    Le voyage avait été long, et Carrie insupportable. Comme si elle pouvait se taper la moitié des passagers du vol de Boston. Ridicule. En plus, je détestais prendre l'avion. Pas à cause du mal de l'air non, mais plutôt parce que la nourriture y est tout simplement immangeable. Et j'avais faim. Et si j'avais voulu clamer haut et fort que j'aurai pu bouffer entièrement le steward qui n'arrêtait pas de nous demander si on passait un agréable voyage, ma pseudo-nympho de meilleure amie aurait prétexté la même chose, mais dans un tout autre contexte. Elle n'avait de vierge que son signe astrologique, atroce.

    Rano Pano

    Mon premier pas sur terre en tant que nouvelle citoyenne de la ville de Boston fut assez douloureux. – Forcément  5h de vol assises ça laisse des séquelles-. Nous étions enfin sorties de la bouche de métro et j'avais une démarche plutôt douteuse.
     
    « Putain Syn, t'as réussis à bloquer un steward dans les toilettes et tu ne m'as rien dit ! S'amusa Carrie.
    -          Ah ah ah, très drôle, grommelai-je, bon essais de repérer mon frangin dans tout ce bordel. »

    Rano Pano

    Et du bordel, il y en avait. En plus le temps était méga étouffant, pas un brin d'air. Nous étions devant la grande entrée de la gare de Boston et chaque trottoir grouillait de personnes agitées, comme s'il y avait eu un attentat terroriste à trois mètres.  La ville était impressionnante, deux ou trois fois plus grande que Minneapolis, sertis d'autant de gratte-ciel – si ce n'était plus-, accompagnée d'un trafique démentiel, les gens conduisaient vraiment comme des malades ! 


    votre commentaire
  • Rano Pano

    « - Rappelle-moi de ne jamais traverser aucune rue ou route de cette ville, adressai-je à ma grande brune.
    -          C'est trop cool ici ! Ignora-t-elle.
    -          Appelle Fen s'il te plait.
    -          J'ai essayé il répond pas, hiiiii regarde il est trop canon lui !
    -          Mais quel boulet ce mec, vraiment irresponsable.
    -        Aaargh il part ! Viens on le suit, vite !
    -         Rappelle-moi aussi de ne jamais te laisser seule dans la rue, tu serais capable de violer n'importe qui, fis-je alors qu'elle s'apprêtait à traquer sa proie.
    -          Oh arrête tes sarcasmes un peu, regarde moi ça, ressent l'énergie positive que dégage cette ville, je sens que j'vais m'y plaire, débita-t-elle surexcitée. »
     
    Voilà, elle avait regardé Kung Fu panda la veille et maintenant elle ressentait du feng shui partout. 
     
    -          Moi ce que je ressens c'est de la méga-pollution, braillai-je.
    -          Pff, t'es vraiment débile, rit-elle.
    -          Salut les fiiiiilles ! Hurla une voix qui ne m'était malheureusement pas inconnue.
    -          Fen !

    Rano Pano


    J'observais Carrie sauter joyeusement au cou de mon frère, qui affichait un assez grand sourire. Bizarrement, il s'étirait beaucoup moins lorsqu'il se retourna vers moi. Au fur et à mesure qu'il s'approchait, je levai mes pupilles couleur lagon vers le ciel. Je m'étais habituée aux torticolis forcés lorsqu'un homme se tenait près de moi, compte tenue de ma petite taille.  

    Rano Pano

     
    Fen me dévisagea de ses iris reflétant ceux de ma petite sœur Athenya, et me balança gaiement.
     
    -          Ah beh, depuis 8 mois qu'on ne s'est pas vu, t'as pas grandis à ce que je vois !
    -          Ravie de te revoir également, marmonnai-je.
    -          Ta joie de vivre est transcendante chère sœur !
    -          Ta gueule.
     

    Rano Pano

    Voilà le véritable amour fraternel. Ne me demandez pas pourquoi nous nous sentions obligés de créer un cataclysme à chacun de nos dialogues, je ne saurais répondre. Depuis notre enfance, notre relation avait toujours été conflictuelle, et cela avait empiré lorsque nous avions quitté Oxford. Athenya s'était auto-proclamée médiateur de chacune de nos disputes. Maintenant qu'elle n'était plus là, j'avais de sérieux doutes quant à la survie de l'un de nous deux. Heureusement, il adorait Carrie et la considérait comme sa propre sœur. Un rien vexant


    votre commentaire
  • Rano Pano

    -          Alors tu as les clefs ? Trépigna Carrie.
    -          Oui ma belle, à vous la belle vie ! Lança-t-il.
    -          La belle vie...Tout est relatif, bougonnai-je. 
    -          Vous allez avoir le voisin le plus cool de tous les temps ! »
     
    Alors oui, vous étiez sûrement en train de vous dire que je passais mon temps à râler, et que j'étais la plus grosse des rabas-joie,  sauf que le voisin en question n'était autre que Fen. Il avait réussi, je ne savais comment, à faire fuir sa voisine, devenue sa petite amie, cette dernière vivant au dessus de son appartement. Et encore une fois, il avait réussi – je ne savais toujours pas comment – à amadouer la propriétaire de l'appartement pour qu'elle mette la location en suspens, histoire de nous le refiler pour la rentrée. Plus malsain tu meurs.

    Rano Pano

    - Bon, on bouge parce qu'il va pas tarder à flotter à cause de toi Satyn,, ta présence fait même chialer les nuages de Boston,annonça Fen sur un ton monotone.
    - Crève enflure.
    - C'est cool de se retrouver tous les trois comme avant ! Rit Carrie.

    Rano Pano

     

    Musique Fen.


    La route jusqu'à notre nouveau domicile se fit dans la carriole de mon frère, le tout sur une des nombreuses chansons qu'il avait composé. – un rien narcissique -. Sa voix n'était pas mauvaise du tout, d'ailleurs la musique me plaisait. Néanmoins le fait de savoir que cela provenait de lui m'exaspérait vraiment, et voir sa touffe de cheveux chocolatée assortie aux sièges de la bagnole s'agiter sur sa propre voix me dégoutait. Bien sûr, ma brunette était devant, et moi je pourrissais à l'arrière de cette vieille golf rouillée achetée dans une foire au fin fond de l'Ohio. Comme prévu, le ciel n'avait pas apprécié ma présence.

    Rano Pano

    .« - Admirez votre lieu de culte pour les trois années avenir ! » Annonça-t-il fièrement alors que nous passions devant le bâtiment de Berklee College, notre école des Arts de la scène. Berklee était une école de musique de renommée mondiale, tous les plus grands y avait étudié, qu'il s'agisse du célèbre guitariste Steve Vai, de Steven Tyler, leader du groupe Aerosmith ou même de Snoop Dog ! Cette école était LA référence des pros, voilà pourquoi elle était très sélective dans ses choix d'étudiants. La plupart des talentueux s'y inscrivaient pour la gloire future, connaitre la célébrité, le show-business, les paillettes et le champagne à 800 dollars. Pour ma part, je vivais pour la musique. Depuis toute petite déjà je maniais les touches d'un piano à la perfection. Cependant, lorsque mon fardeau avait fait son apparition, j'y avais trouvé réconfort, couchais mes pensées dans mes lyrics. Comme une thérapie en quelque sorte.

    Rano Pano

    Alors oui, vous étiez sûrement en train de penser que ça faisait très adolescente pré-pubère qui déteste le monde et écrit ses problèmes de règles douloureuses dans son journal intime. Mais non, un poids aussi dur à porter devait inévitablement disparaître sur papier. La musique était ma passion. La guitare était ma vie. Ma voix était mon âme. Et Berklee, l'opportunité de parfaire ce pour quoi je vivais.
     La bâtisse était gigantesque et prenait un bloc entier. Sa façade atypique rappelait son ancienneté et sa porte principale crachait des étudiants par milliers ; alors que la rentrée n'était que dans deux jours. 


    votre commentaire
  • Rano Pano

    Il faut savoir aussi, que Berklee College ne s'était pas contenté de vivre sur les Grammy et Emmi Awards gagnés par ses troupes de musiciens. Roger Brown - le directeur de l'école - avait décidé pour cette rentrée, d'instaurer de nouvelles filières, parmi lesquelles se trouvaient le théâtre et la danse. Et ce fut cette dernière filière qui amena mon amie jusqu'ici. C'est fou le nombre de chose qu'elle pouvait faire avec son corps.- m'étonnais pas que les mecs lui courraient après-. En plus d'être pour moi la fille la plus magnifique du monde, sa joie de vivre et son attitude parfois enfantines sous ses airs d'éternelle séductrice -et un peu niaise - m'avaient empêchés de repousser son amitié.

    Rano Pano

     

    Le seul point positif que je pus constater depuis le début de notre arrivée, fut le fait que nous venions de nous garer à deux ou trois blocs de Berklee. Traduction de Carrie :

    - Wouaaaaw on vit à côté de la fac ! 
    - Nous y voilà les filles ! »

    Rano Pano

    Rano Pano

    Nous arrivâmes enfin dans l'enceinte de notre résidence, après s'être garé dans un des divers garage et traversé une petite cours séparant l'immeuble des hangars, ce fut sous une pluie torrentielle que nous nous réfugiâmes à l'intérieur de la résidence, visiblement refaite à neuf. Des murs rouges sang entouraient la cage d'escalier ainsi que les autres longs couloirs. Une déco qui ne me déplaisait pas, finalement. - second bon point de la journée youhou-.

    Rano Pano

    Alors que mon frangin se prenait déjà pour un agent immobilier, arrivés au premier étage, parmi toutes ces portes nous avions pu constater la présence du logis de Fen au numéro 23. 

    « J'men fou un peu de ton appart Fen montre nous le notre plutôt, râlai-je.
    - Personne ne demande ton avis ma grande, tu veux voir Carrie ?
    - Oh ouais ! Juste deux minutes Syn, sautilla mon amie. »

    Rano Pano

    Je soufflai d'exaspération et acceptai la moue désolée de Carrie – derrière le visage satisfait de mon enfoiré de Frère -. La porte se referma. Je ne savais pas pourquoi, je n'arrivais pas à être enthousiaste à l'idée de vivre ici, du moins pas autant que Carrie. Tout ce qui m'importait, c'était chanter et gratter ma guitare. Je voulais vivre sur le campus paisiblement dans une chambre à effet placard, mais Carrie ne voulait pas, et comme je ne pouvais pas assumer de vivre seule sans son aide financière, autant la suivre. Savoir que Fen se trouverait à deux mètres sous mes pieds me donnait envie de vomir.

    Rano Pano

    « Vous êtes longs ! » Criai-je dans l'espoir qu'ils m'entendent.

    Même s'ils avaient tendance à se considérer comme frère et soeur, je n'aimai pas trop les laisser seul dans une pièce fermée.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique